Face à la montée des questions juridiques entourant l’intelligence artificielle, Perplexity a annoncé un partenariat mondial avec Getty Images. Derrière cet accord pluriannuel se cache un enjeu central : offrir un accès légal aux images tout en assurant le respect de leurs ayants droit. Ce rapprochement marque ainsi une évolution majeure dans la gestion du contenu visuel par les outils d’IA.
Un contexte sous tension autour de l’utilisation des images
Depuis plusieurs années, la prolifération des modèles d’IA générative soulève des interrogations quant aux sources utilisées pour alimenter ces systèmes. Nombreux sont les acteurs du secteur qui exploitent des contenus protégés sans licence, accentuant la pression légale, notamment de la part de banques d’images réputées comme Getty Images.
Dans ce climat, Perplexity s’est imposée comme une start-up montante de la recherche intelligente, proposant une interface conversationnelle capable de synthétiser des informations variées. Jusqu’alors, son modèle puisait parfois dans des ressources soumises à droits d’auteur sans toujours garantir la traçabilité ni la rémunération équitable des créateurs. Les litiges multiples et le risque de sanctions ont poussé Perplexity à sécuriser ses usages.
Le détail du partenariat entre Perplexity et Getty Images
Début novembre 2025, Perplexity a officialisé un accord pluriannuel stratégique avec Getty Images. La start-up bénéficiera désormais d’une licence mondiale couvrant l’ensemble du catalogue de la photothèque via une intégration API dédiée. Cela permet l’accès direct à des millions de clichés, qu’ils soient éditoriaux ou créatifs, sans recourir à des détours techniques ou à des contournements légaux.
Concrètement, cette collaboration introduit deux avancées majeures pour Perplexity. D’un côté, elle légitime l’exploitation des photographies professionnelles au sein des réponses produites par ses outils d’IA. De l’autre, elle consolide la chaîne d’attribution : chaque image affichée est accompagnée des mentions obligatoires, garantissant la visibilité des auteurs et agences.
L’intégration technique de l’API Getty Images
L’accord prévoit le recours à la technologie API propriétaire de Getty Images. Grâce à cette passerelle, Perplexity peut effectuer des appels en temps réel vers la base d’images lors de la génération de résultats de recherche enrichis. Cette approche assure non seulement une actualisation rapide du contenu proposé, mais limite aussi le risque d’afficher des éléments périmés ou retirés à la demande des ayants droit.
Ce mode d’intégration offre également l’avantage de simplifier la mise à jour des conditions d’utilisation ou la gestion des images sous restriction. Toute modification dans la base Getty Images se répercute instantanément sur la plateforme Perplexity, évitant les erreurs classiques liées à la duplication illégale ou à la persistance de fichiers hors ligne.
Les bénéfices pour Getty Images
Getty Images renforce sa présence sur le marché de l’IA tout en défendant sa stratégie de monétisation des droits. L’accord signé inclut une remontée systématique des flux d’utilisation via l’API, permettant d’obtenir des statistiques détaillées sur la consultation et la diffusion des images. Ceci facilite à terme le calcul des reversements aux photographes et contributeurs de leur réseau.
Pour Getty, ce type de partenariat contribue aussi à l’établissement de standards industriels : la firme entend prouver que la licéité des bases de données visuelles reste compatible avec les besoins croissants de l’IA générative. Elle montre ainsi la voie à d’autres détenteurs de catalogues, confrontés aux mêmes risques d’exploitation sauvage de leur patrimoine.
Enjeux juridiques et perspectives pour l’écosystème de l’IA
Aux yeux des observateurs, Perplexity devance une tendance de fond : les fournisseurs d’IA sont invités à clarifier leur relation aux droits de propriété intellectuelle, sous peine de procédures coûteuses. Des plaintes similaires visent régulièrement des entreprises majeures du secteur, la question de la licéité des données d’entraînement n’étant pas encore définitivement tranchée devant les tribunaux.
La solution privilégiée par Perplexity repose donc sur la contractualisation plutôt que la confrontation judiciaire. La création d’un cadre clair autour de l’attribution et des licences payantes apporte une plus grande sécurité juridique à la fois pour l’opérateur technologique et pour les titulaires de droits. D’autres plateformes pourraient s’inspirer de cette démarche pour réduire leur exposition aux litiges.
L’impact attendu sur l’offre de services des IA
Les utilisateurs finaux bénéficieront dorénavant d’illustrations à la provenance vérifiée lorsque leurs requêtes génèrent des réponses enrichies. Cette homogénéisation du traitement des contenus favorise la confiance, particulièrement chez les professionnels des médias et de la communication. À mesure que l’IA intègre des images sous licence, la frontière entre création automatisée et documentation journalistique pourrait s’estomper.
Des acteurs tiers observeront également ce mouvement : agences de presse, réseaux sociaux et moteurs de recherche devront possiblement adapter leur propre gestion des contenus visuels, face à l’exemple donné par Perplexity et Getty Images. Le dialogue sur les droits pourrait ainsi se déplacer du terrain strictement judiciaire à celui de la standardisation contractuelle multi-acteurs.
Vers une généralisation des accords de licence ?
La question demeure ouverte : combien de sociétés d’IA choisiront la voie de la régularisation contractuelle ? Si la démarche initiée par Perplexity s’avère économiquement viable et acceptée par les utilisateurs, rien n’exclut que d’autres alliances similaires émergent à court terme. Les grandes banques d’images disposent déjà d’infrastructures techniques et commerciales pour accueillir de tels usages, moyennant adaptation à la diversité des cas d’emploi.
À l’heure où la gouvernance de l’IA évolue rapidement et où la différenciation concurrentielle passe aussi par la conformité réglementaire, partager les mêmes standards de légalité pourrait devenir un facteur clé d’accès au marché global pour de nombreux opérateurs. Observer ce mouvement, c’est anticiper la prochaine étape de la régulation numérique.